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Marina B.

La Meilleure Question à Bord d'un Avion

8 Août 2013 , Rédigé par Marina Bogdanova Publié dans #Histoires, #Voyages

 La Meilleure Question à Bord d'un Avion

La Meilleure Question à Bord d'un Avion

Je vais continuer la suite de mes meilleurs moments de vie d’une « fille de l’air », de mon passé pas très lointain, ( sur ce blog posts du 13 juin et du 3 aout) avec « LA » question que j’ai adoré qu’on me pose tout le long des vols divers et variés. Car, la destination a beau être différente, l’esprit de recherche du passager reste intact.

C’est donc au bout de plusieurs heures de vol (car je précise bien qu’il s’agit ici des vols « long courrier », d’où l’intérêt de LA question), à terme d’un long voyage (on va dire, au hasard, Paris-Hong Kong), que, parmi les passagers quittant le navire il y en avait forcement un (ou deux-trois avec un peu de chance) qui , en descendant de l’avion et en disant bien le gentil « Au’ revoir – Merci » , nous posait donc LA question :

- « ET VOUS REPARTEZ TOUT DE SUITE ? »

………………………………………………………….

Au départ je restais ce qu’on appelle « bouche bée » devant autant de candeur, le film du 11 heures de vol, venant de se terminer, se re-déroulant dans ma tête, aux idées pas très claires, j’avoue, car les 6 heures de décalage vers l’est dans la tronche n’aident pas non plus.

Alors, je me disais : « Voyons voir : nous venons de passer pas loin de 13 heures enfermés avec quelques 400 personnes à bord dans ce tube, dont 11 heures à 10 000 m d’altitudes. Il y a eu : deux services pour nourrir tout ce petit monde, des gardes de nuit avec toute la panoplie ambiante que nous avions à gérer : des repas pour bébés qui se réveillent (et pleurent), des écrans vidéo individuels qui ne marchent pas, l’évanouissement d’une passagère qui manquait d’air dans notre galley arrière (rien de grave, un peu d’oxygène « à la bouteille » et ça repart), des « rondes de garde » en cabine passager et au cockpit tous les quarts d’heures avec d’innombrables café-thé-et autres verres d’eau « à la demande », des passagers qui n’avaient pas sommeil et qui venaient nous raconter leur vie avec un verre à la main (eux, pas nous, malheureusement, car, il y a eu des fois, ça nous aurait bien rendu service), pendant qu’on mettaient en place un buffet de nuit ou un deuxième service petit-déjeuner pour ces mêmes 400 personnes qu’on a embarqué avec nous 10 heures avant, et, enfin, des tas de sac vomitoires distribués à la descente, juste avant de toucher le sol de Hong Kong, Alléluia.

Au départ, donc, effarée par autant de sollicitude et de candeur du passager qui posait la question de « Et Vous repartez tout de suite ? », je répondais, tout naturellement, la VÉRITÉ :

- que non, on ne va pas repartir « tout de suite », mais dans 3 jours ; que oui, on va aller à l’hôtel, histoire de prendre une douche, dormir un peu, ce genre de choses, histoire de faire passer l’état de « décalquage » intense dans lequel on se trouvait tous à cet instant.

Et là, j’apercevais comme une ombre de déception qui passait sur son visage. Dont, j’avoue, je ne comprenais pas très bien la provenance. Jusqu’à ce qu’un jour un collègue stew’’ , qui était à coté de moi au moment du débarquement, me dise : « Mais arrête de lui raconter notre vie, tu ne vois pas que tu l’énerves ?? Dis lui, ch’ ais pas moi, qu’on va repartir ce soir, ou qu’on reste dormir ici, à l’aéroport, pourquoi tu lui dis qu’on va à « Harbourg Plazza » ?? Il va avoir un syncope… ».

J’ai écouté ces bons conseils, et je me suis dite : « Mais oui, il a raison, pourquoi contrarier ce monsieur (où cette dame) ?? Mais, tant qu’à faire, ne faisons pas les choses à moitié, mettons-y le paquet ! »

Et, donc, à partir de ce jour-là , à chaque fois qu’au débarquement j’avais le droit à : « Et vous repartez tout de suite-là ? », je répondais, avec mon plus beau sourire :

-« Mais oui, bien sur. On va attaquer le ménage, puis on charge notre catering (chargement hôtelier) pour notre vol-retour, ensuite on enchaine sur une petite check d’avion avec nos collègues pilotes, et hop, c’est reparti !!! ».

Et là, oh miracle, je voyais le visage du poseur de la question s’éclairer d’un mélange de contentement et de compassion, et dans un soupir de soulagement, avec cette expression unique de « et oui, la vie n’est pas facile », il me disait : « Et bien , BON COURAGE !!! A bientôt !!», et sur ces belles paroles il quittait l’appareil.

Ouf ! Un passager content est un passager qui revient !!! Bon, après, si on se croisait le soir au quartier des ex-pat’’ de Hong Kong, un verre de Cosmopolitan à la main, il me regardait l’air mi-dubitatif, mi-inquiet, mais, de toute façon, qui va reconnaitre une hôtesse de l’air EN CIVIL ?? Pas grand-monde, je vous assure. Et, après tout, en dehors de l’avion, chacun fait ce qu’il veut, non ?

Et vous, vous repartez tout de suite, là ??

Biz’’’

M.B.

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